dimanche 11 avril 2010

Zoo du Bois de Vincennes : de lourdes incertitudes sur le projet de rénovation porté par l’Etat et Bouygues


Article co-écrit avec Catherine Baratti-Elbaz et publié sur www.ps-paris12.net

En pleine campagne des élections régionales, les ministres candidates Valérie Pécresse et Chantal Jouanno annonçaient l’ouverture en 2014 d’un zoo entièrement rénové dans le Bois de Vincennes. Nombreux sont les médias à avoir relayé la signature en grande pompe du partenariat public-privé (PPP) devant permettre la création de ce « zoo du XXIe siècle tourné vers l'écologie et la biodiversité, l'un des plus beaux au monde ! » Nombreux sont les habitants du 12e – et nous en sommes – à envisager cette perspective avec enthousiasme, après avoir connu les années de déclin de cette institution puis sa fermeture en 2008.

Enthousiasme, mais scepticisme aussi… Car de multiples interrogations persistent, sur lesquelles il est temps de revenir, passée la période électorale. L’enjeu est de taille, que l’on songe à l’attachement des Franciliens à ce parc qui a permis à des générations d’enfants la découverte d’une faune spectaculaire ; que l’on mesure aussi l’impact du zoo sur son environnement proche ; que l’on relie enfin ce projet aux enjeux écologiques en cette année 2010 déclarée par l’UNESCO « année internationale de la biodiversité ».

Or c’est d’abord de l’équilibre financier du projet dont il est permis de douter et donc de la pérennité de ce projet. Sur 133 millions d'euros de rénovation, l'Etat doit subventionner le projet à hauteur de 30 millions d'euros. Le reste est financé à travers un contrat de PPP entre le Muséum National d'Histoire Naturelle, dont dépend le zoo, et le groupe Chrysalis mené par Bouygues Construction. Chrysalis qui s'engage à financer, construire et entretenir ce zoo pendant 25 ans et qui recevra, en contrepartie, une redevance annuelle de 12 millions d’euros de la part du Museum, soit le triple de ce que le groupe Chrysalis aura investi ! C’est bien le principal travers du système de PPP dont l’intérêt à court terme – l’afflux de capital privé n’alourdissant pas officiellement la dette publique – est contrebalancé par le coût exorbitant, à long terme, pour la puissance publique.

Officiellement, le niveau de fréquentation du zoo qui permettrait au Muséum de s’acquitter d’un tel loyer est de 1,4 millions de visiteurs par an, dès la première année ! C'est un objectif très ambitieux, qui s'il n'est pas atteint, mettra certainement le Museum en grande difficulté, d’autant que cet établissement scientifique tourné vers la recherche et la diffusion des connaissances, a d’autres missions de service public à assumer. Souhaitons que cette épée de Damoclès n’oblige pas le zoo à développer outre mesure les activités lucratives et festives au détriment de ses missions de service public. D’autant plus que le ticket d’entrée est annoncé à plus de 13 euros ! A ce prix, les franciliens pourraient être davantage tentés par d’autres activités du Bois à l’accès gratuit ou modique (Parc Floral, Ferme pédagogique, aquarium de la Porte Dorée…).

Conçu comme un lieu de protection et de recherche sur la biodiversité, le projet de zoo est indigent quant à son insertion dans son environnement immédiat. Le zoo est pourtant situé dans le Bois de Vincennes, dans le 12e arrondissement de Paris. La Ville s’est dotée d’un Plan Climat extrêmement ambitieux et le Bois fait désormais l’objet d’une charte d’aménagement durable dont les communes riveraines telles que Vincennes sont parties prenantes. Or le contrat de PPP ignore les conséquences en terme de déplacements et de stationnement de la fréquentation prévue du nouveau zoo. Malgré l’arrivée prochaine du tramway, financé à 100% par les collectivités locales de gauche, et faute d’investissement de l’Etat dans les transports collectifs franciliens, la desserte du zoo par les transports collectifs risque de s’avérer insuffisante. Le Bois subira une pression supplémentaire de l’automobile dans un contexte déjà tendu. Pression insupportable pour le bien-être des riverains ; insupportable au regard de la protection de la biodiversité du Bois ; insupportable enfin vis-à-vis des objectifs de réduction par la métropole parisienne de ses émissions de gaz à effet de serre.

Espérons que ce projet de zoo connaîtra un meilleur sort que les candidatures régionales de ses promoteurs Mesdames Pécresse et Jouano et Monsieur Lafon. Ce dernier, Maire de Vincennes et tête de liste UMP dans le 94, a été battu au second tour dans sa propre commune, trois semaines après s’être félicité sans réserve de la signature du PPP avec Chrysalis.

dimanche 4 avril 2010

Biodiversité : échec à Doha, agir à Paris

Si 2010 est l'année internationale de la biodiversité, c'est qu'il y a urgence : la moitié des espèces vivantes que nous connaissons sur Terre pourrait disparaître d’ici un siècle, avec des conséquences graves quant à l'équilibre des écosystèmes et à la fourniture de biens irremplaçables et indispensables à notre survie tels que nourriture, oxygène, matières premières. Hélas, trois mois après l’échec retentissant de la conférence de Copenhague, c’est à Doha qu’à nouveau la communauté internationale a échoué à s'entendre : ni le thon rouge de l’Atlantique, ni l’ours polaire, ni les coraux, ni les requins ne verront leur commerce interdit ou règlementé. En France, le Grenelle de l'Environnement vient de prendre du plomb dans l'aile avec le renoncement du Président de la République à créer un embryon de fiscalité écologique. L’examen à l’Assemblée nationale du projet de loi Grenelle 2 sera un test, notamment sur les trames vertes et bleues nécessaires à la promotion de la biodiversité.

Mais dans la bataille politique pour l’écologie, les collectivités locales ont aussi leur rôle à jouer. Rien qu'à Paris vivent plus de 2000 espèces de plantes sauvages et de champignons, et autant d'espèces animales ! Notre agglomération, très dense, est surtout un carrefour biogéographique où la préservation de corridors écologiques est un enjeu fondamental, d’ores et déjà pris en compte dans le PLU parisien et par l’adhésion de la Ville à Natureparif. Par ailleurs, Paris met en oeuvre une gestion différenciée de ses espaces verts, parmi lesquels nombreux sont ceux labellisés en gestion écologique.

Avec Michèle Blumenthal, nous avons souhaité que les deux semaines qui viennent soient consacrées à la promotion de la biodiversité dans le 12e. Des opérations concrètes seront lancées telles que l'inauguration d'un pigeonnier square Saint-Eloi et l'installation d'une végétalisation expérimentale place "sans nom" (angle des boulevards Reuilly/ Picpus). De multiples actions artistiques et pédagogiques ("Y'a du monde au lac", le Carnaval des écoles...) nous feront découvrir et mieux comprendre la biodiversité en Ville.

Cette quinzaine permettra en outre le lancement dans le 12e du plan parisien pour la préservation et le renforcement de la biodiversité. Ce plan fait l'objet d'une démarche participative incluant des ateliers citoyens autour d'un secteur pilote dans notre arrondissement. Il aboutira à la rédaction d'un livre blanc et au vote d'une délibération en Conseil de Paris. La présentation de ce plan aura lieu le mardi 13 avril à 19h00 à la Mairie du 12e en présence de Fabienne Giboudeaux, adjointe au Maire de Paris chargée des espaces verts. Ce sera aussi l'occasion de recruter des habitants volontaires pour participer à cette démarche.

Pour plus d’information :
- ma communication au dernier conseil d’arrondissement
- le programme complet de la quinzaine sur le site de la Mairie du 12e
- le dossier biodiversité sur le site de la Ville de Paris

samedi 3 avril 2010

Appel à la mobilisation citoyenne !

La répression de la grève des travailleurs sans papiers se poursuit. Jeudi, les forces de l’ordre ont évacué le piquet de grève de la rue du Regard (Paris 6e), et celui de l’avenue Daumesnil dans le 12e, où les grévistes campaient sur le trottoir après avoir été expulsés du local Randstad une semaine auparavant.

Je ne reviendrai pas sur le contexte politique (voir mon article précédent). L’heure est plus que jamais à la mobilisation. A cet égard, je regrette vivement que mon parti, le PS, n’ait pas signé l’Appel unitaire à la mobilisation citoyenne autour duquel les organisations de gauche se sont réunies jeudi. Je rejoins complètement Pascal Cherki à ce sujet.

Le comité de soutien du 12e a décliné localement l’appel à la mobilisation citoyenne. Le parti socialiste du 12e est signataire de ce "manifeste" dont voici le texte (il est consultable aussi sur le site du collectif) :

Manifeste pour une mobilisation citoyenne

Depuis 18 mois, les travailleurs sans-papiers du XIIe sont en grève. Ils ont occupé l’agence Randstat au 30, avenue Daumesnil jusqu’à leur évacuation par les forces del’ordre le 24 mars. Ils ont alors décidé de maintenir le piquet devant l’agence sur le trottoir. Le 1er avril, 7 cars de CRS sont venus, sur ordre de la préfecture, démonter la tente et déloger les grévistes. C’est une nouvelle atteinte violente aux droits des travailleurs. Ce même jour, les forces de l’ordre ont également évacué le piquet FAB SAB de la rue du Regard.

Après avoir été désavoué dans les urnes, et au lendemain de la présentation par M. Eric Besson en Conseil des Ministres de son nouveau texte sur l’immigration, le gouvernement a décidé d’employer la manière forte et de déclencher une offensive généralisée contre le mouvement de grève des travailleurs sans-papiers.

Nous, comité de soutien du XIIe regroupant associations, syndicats, partis politiques et simples citoyens appelons tous les habitants et travailleurs du XIIe à signer avec nous ce manifeste et à appeler à une mobilisation citoyenne pour :

- CONDAMNER CES ÉVACUATIONS qui constituent une atteinte au droit de grève de ces travailleurs
-RÉAFFIRMER NOTRE SOUTIEN À LA GRÈVE DES SALARIÉS SANS-PAPIERS qui travaillent en France depuis de nombreuses années, cotisent, paient des impôts et font le travail dont personne ne veut
- EXIGER LEUR RÉGULARISATION IMMÉDIATE
- INSTAURER UNE PROTECTION CITOYENNE AUTOUR DES GRÉVISTES
- PARTICIPER À LA SOLIDARITÉ active et financière
- Marquer notre volonté d’organiser, en accord avec les grévistes et les 11 organisations syndicales et associatives qui coordonnent le mouvement, des initiatives fortes de mobilisations et de solidarité pour obtenir une circulaire définissant des critères larges, ouverts et objectifs de régularisation des salariés sans-papiers.


Comité de soutien aux travailleurs sans-papiers grévistes du 12e : SUD PTT 12e, SUD Rail 12e, UL-CGT12e, ATTAC 12e, Ligue des Droits de l’Homme 12e, Commune Libre d’Aligre, Collectif de Vigilance Paris 12e pour les droits des étrangers/RESF, CNT-nettoyage, PS 12e, PC 12e, Les Verts 12e, Gauche Alternative 12e, NPA 12e, PG 12e et les citoyens solidaires.