mardi 15 novembre 2011

Bois de Vincennes, Petite Ceinture, Bercy-Charenton : faux débats et vrais enjeux de la Biodiversité dans le 12e

Préparé dès 2010 – année internationale de la biodiversité – le Plan Biodiversité de Paris est soumis ce 15 novembre au Conseil de Paris. C’est une feuille de route ambitieuse, qui a notamment reçu l’avis favorable du Conseil du 12e arrondissement. La biodiversité urbaine n’a pourtant rien d’une évidence politique. Pour le grand public, elle se réduit souvent aux seules terres lointaines menacées de déforestation et aux espèces animales emblématiques en voie de disparition – thon rouge, ours polaire ou récifs coralliens. Paris abrite pourtant plus de 2000 espèces de plantes sauvages et de champignons, et autant d’espèces animales ! En France, la récente Stratégie Nationale de la Biodiversité, qui institutionnalise les trames vertes et bleues, semble elle-même ignorer l’importance des villes. Elles regroupent pourtant les ¾ de la population et ont impact non seulement sur leurs territoires mais bien au-delà par leur effet barrière – or Paris est situé à carrefour biogéographique majeur – ou encore par les politiques d’achats des municipalités.

Si la biodiversité urbaine n’a rien d’une évidence politique, c’est aussi qu’elle invite à des arbitrages délicats au détriment d’autres usages citadins ; des arbitrages néanmoins assumés et revendiqués par la gauche parisienne ! Ainsi, quoi qu’en dise dans ses tracts la sénatrice et conseillère régionale Chantal Jouanno, le Bois de Vincennes est un espace boisé classé que la municipalité s’attache à préserver et à renforcer. Dès 2003, Bertrand Delanoë signait avec les maires des communes riveraines une Charte d’aménagement durable du Bois. C’est dans ce cadre que beaucoup d’espaces ont été replantés, à un rythme nettement plus important que celui des abattages, et que des voies au centre du Bois ont été fermées à la circulation automobile – non sans protestations – pour être rendues à la nature et à la promenade. Comme progressivement l’ensemble des espaces verts parisiens, le Bois de Vincennes est passé en gestion différenciée, avec l’arrêt des produits issus de la chimie de synthèse, la plantation d’essences indigènes et la création d’îlots d’évolution naturelle où l’intervention humaine est réduite au minimum. La gestion du Bois est encadrée depuis 2010 par la certification environnementale ISO 14001.

Le Plan Biodiversité ne se contente pas de préserver l’existant. Il prévoie notamment de requalifier la « ceinture verte » de Paris : une vieille ambition née du démantèlement des fortifications, mais largement entamée depuis les années 1930 par les besoins en logement social, en équipements divers, puis par la construction du Périph’. A l’échelle fine, cette requalification passe par un renforcement du réseau vert sur tous les espaces : centres sportifs, cimetières, voirie, espaces intérieurs des îlots de logements, talus du Périph’ etc. D’ores et déjà l’arrivée du Tramway dans le 12e est l’occasion de renforcer la trame verte des boulevards Soult et Poniatowski par la pose de gazon le long des rails et par des arbres d’alignement plus nombreux et variés – quatre plantés pour trois abattus et une vingtaine d’espèces supplémentaires. Par ailleurs, dans le cadre du GPRU de la Porte de Vincennes, des ponts végétalisés vont être aménagés au-dessus du Périph’. Ces mêmes quartiers devront aussi bénéficier des multiples dispositions innovantes prévues par le Plan Biodiversité, à l’image des 7 ha nouveaux de toitures végétalisées qui doivent être créés à Paris d’ici 2020, incluant au moins 15 jardins en terrasse.

A une échelle plus large, le renforcement de la « ceinture verte » devra s’appuyer sur la Petite Ceinture ferroviaire qui représente dans le 12e plusieurs hectares d’espaces verts à ciel ouvert. En concertation avec Réseau Ferré de France (RFF), le rôle de corridor écologique de la Petite Ceinture devra être pérennisé tout en ouvrant cet espace à de nouveaux usages publics. Le tronçon aménagé dans le 16e (1,5 km), celui prévu dans le 15e (1,3 km) ou encore les aménagements existants le long de la Petite Ceinture dans le 12e – sentier nature du jardin Charles Péguy et projet de jardin partagé rue Claude Decaen – préfigurent ce que pourrait être dans notre arrondissement une Petite Ceinture à la fois réserve de biodiversité et sentier de promenade. Dans la perspective du renouvellement de la convention cadre entre la Ville de Paris et RFF, un vœu a été adopté en ce sens par le Conseil du 12e arrondissement (séance du 7/11/2011).

A l’échelle métropolitaine, le renforcement de la « ceinture verte » passe par l’intégration de la biodiversité aux objectifs d’aménagement du secteur Bercy-Charenton. En effet la Ville de Paris a lancé en 2009, en lien avec la Ville de Charenton, la SNCF et RFF, une réflexion urbaine d’ensemble sur ce vaste secteur de 60 ha en vue d’y créer un nouveau quartier. Le Plan Biodiversité en fait un secteur pilote où sera expérimentée l’intégration des enjeux de biodiversité à chacune des phases d’aménagement. L’objectif est double : d’une part renforcer les trames vertes et bleues dans ce secteur en reliant entre eux le Bois de Vincennes, la Petite Ceinture, le Parc de Bercy et la Seine ; d’autre part construire pour la biodiversité à Paris un cahier des charges type s’imposant progressivement aux aménageurs.

A travers la création d’un observatoire de la biodiversité à Paris, le Plan Biodiversité vise aussi à développer, fédérer et diffuser les connaissances et les initiatives en la matière. L’implication des acteurs locaux – citoyens, associations, conseils de quartier – est notamment fondamentale. Ainsi le Conseil de quartier de Jardin de Reuilly a-t-il récemment organisé une réunion publique autour d’initiatives innovantes : compostage et jardin d’immeuble au 107 rue de Reuilly, jardin d’insertion Le Nid rue George et Maï Politzer, futur jardin partagé dans le square Frédéric Rossif, projet de rucher au jardin de Reuilly (Graine de Partage)… La biodiversité n’est pas qu’un sujet scientifique, c’est aussi un enjeu citoyen dont les habitants du 12e sont de plus en plus nombreux à se saisir !

A cet égard, la droite locale serait bien inspirée de ne pas dévoyer l’enjeu de la biodiversité. Lorsqu’au Conseil de Paris Valérie Montandon, élue UMP du 12e, demande au nom du Plan Biodiversité le retrait du projet d’aire d’accueil des gens du voyage et le déplacement de la célèbre Foire du Trône hors du Bois de Vincennes ; ou lorsque l'ancienne secrétaire d'Etat à l'écologie Chantal Jouanno se fend d’un tract aux habitants déclarant « le Bois de Vincennes en danger » pour les même motifs (elle y ajoute le foyer temporaire Adoma) ; l’une et l’autre renouent avec les vieux réflexes exclusifs de la Droite, combinés au fameux syndrome NIMBY décrit par les sociologues –  Not In My Back Yard. Plutôt que d’instrumentaliser l’écologie en déformant les faits, Mesdames Montandon et Jouanno gagneraient à dire franchement que contrairement à la Majorité municipale, elles ne veulent avoir dans le 12e ni gens du voyage, ni forains ni travailleurs migrants. La biodiversité mérite mieux que ces faux semblants, les habitants du 12e méritent mieux que ces faux débats et ces mauvais procès. 

lundi 7 novembre 2011

Questions sur la MEEAO, un an après l'évacuation

Le 22 octobre dernier, plusieurs associations organisaient un rassemblement devant le bâtiment de l’ex-Maison des Etudiants des Etats d’Afrique de l’Ouest (MEEAO), à l'occasion de l'anniversaire de son évacuation il y a un an. Ce soir au Conseil du 12e arrondissement, j'ai présenté au nom de la Majorité municipale le voeu suivant :

Considérant, qu’il y a un peu plus d’un an, le 20 octobre 2010, l’immeuble du 69 boulevard Poniatowski, ex-Maison des Etudiants des Etats d’Afrique de l’Ouest, était entièrement évacué afin de mettre en sécurité le bâtiment laissé à l’abandon depuis la décolonisation et l’absence de propriétaire à raison de la dissolution de l’Afrique Occidentale Française.

Considérant que pendant de nombreuses années, l’immeuble a néanmoins conservé sa vocation initiale d’hébergement d’étudiants et de travailleurs venus des Etats Africains.

Considérant qu’au terme d’une longue procédure judiciaire, dite de bien sans-maître, l’Etat français est devenu propriétaire de l’immeuble le 10 juillet 2009.

Considérant qu’après, une première évacuation partielle du bâtiment, réalisée le 28 janvier 2010, afin de mettre en sécurité les occupants des chambres les plus vétustes et insalubres, l’évacuation d’octobre 2010 marquait la fin de toute occupation de l’immeuble.

Considérant les engagements pris par la Préfecture de Région en matière de relogement des occupants de bonne foi, reconnus occupants de l’immeuble lors du recensement effectué au printemps 2009, et ceux de la Préfecture de Police s’agissant des occupants sans-papier au moment de l’évacuation, de procéder à un examen bienveillant de leur situation et de procéder aux régularisations des situations les plus proches des critères d’obtention d’un titre de séjour.

Considérant qu’après une série de réunions régulières en Préfecture de région avec les représentants de l’Etat, des occupants, des associations de soutien, les élus Parisiens n’ont plus eu d’information précise quant au suivi des relogements et des dossiers en cours d’examen en vue d’une régularisation administrative.

Considérant enfin, que depuis plus d’un an, l’immeuble du 69 boulevard Poniatowski n’est que partiellement muré et que son état continue de se dégrader.

Sur proposition des élu(e)s de la majorité municipale, le conseil du 12e arrondissement émet le voeu que le Maire de Paris intervienne :

· « auprès du Préfet de Paris afin que celui-ci communique, au regard des engagements pris il y a un an, un état précis de l’avancée des relogements définitifs, au sein du parc social, des occupants de bonne foi concernée par la seconde phase d’évacuation du bâtiment ;

· auprès du Préfet de Paris afin que l’immeuble soit rapidement réhabilité et qu’une opération de logement (logement social, logement étudiant, foyer de travailleurs migrants…) y soit réalisée afin de répondre aux besoins en la matière sur le territoire parisien, et que la mémoire de l’ancienne MEEAO y soit conservée ;

· auprès du Préfet de Police afin que celui-ci dresse, au regard des engagements pris il y a un an, un état détaillé des procédures d’examen des situations administratives des « occupants de bonne foi » de la MEEAO sans titre de séjour qui lui ont été soumises par les associations et soutenues par les élus ».


Le voeu a été adopté avec les voix de la Majorité municipale, les élus du groupe UMP votant contre.
Informations complémentaires sur la MEEAO : www.collectif12.com